Outil à main équipé d'un organe de préhension comprenant un insert

L'invention a trait à un outil à main, et plus particulièrement à un article de coutellerie de table ou de cuisine. On désigne sous ces termes l'ensemble des outils et ustensiles manuels utilisés à table et/ou en cuisine. Ces outils ou ustensiles sont notamment des couteaux, des fourchettes, des cuillères, des spatules, des pelles, des couperets, des écumoires ou des louches.

Ces outils ou ustensiles sont plus particulièrement utilisés en restauration et en cuisine professionnelle. Ils sont généralement réalisés à partir d'une ébauche, encore dénommée soie, plate et pleine. Le manche comprend des parties en bois ou en polymères fixées par rivetage sur la soie.

Du fait de l'usage intensif de ces articles, les manches de ceux-ci ont une durée de vie d'autant plus limitée que de tels ustensiles passent fréquemment au lave vaisselle. Ce passage fréquent, outre une atteinte structurelle au manche, favorise l'apparition de souillures et donc du développement bactérien. En effet, la désolidarisation des parties constitutives du manche entraîne l'apparition d'espaces ou d'interstices entre les parties du manche et la soie dans lesquels s'accumulent les souillures.

On connaît, par US-A-1 967 479 un couteau dont la lame se prolonge par une soie formée de deux branches allongées entre lesquelles une fente est ménagée. Cette fente reçoit un manche pourvu de deux embouts et d'une partie centrale coopérant avec les branches. L'ensemble est maintenu par une tête maintenue par des rivets. Il existe, avec un tel couteau, des risques d'infiltration d'eau ou de souillures par le débouché de la fente et par les rivets.

Il est fréquent, pour remédier à ces inconvénients, de réaliser un outil mono matière par exemple à partir d'une barre ronde en acier inoxydable. Ainsi, si un tel outil offre une bonne tenue dans le temps et évite les souillures, sa réalisation requiert de nombreuses opérations. En effet, à partir d'une barre ronde il faut réaliser la partie active, par exemple la lame, le cuilleron ou les dents de, respectivement, un couteau, une fourchette, ou une cuillère et ensuite effectuer la mise en forme du manche. Ceci représente une quarantaine d'opérations successives. Par ailleurs, il n'est pas possible d'avoir une ébauche standard d'un outil à partir de laquelle on peut réaliser plusieurs manches différents.

C'est à ces inconvénients qu'entend plus particulièrement remédier l'invention en proposant un outil à main dont le manche offre une excellente tenue au lave vaisselle et évite le développement bactérien tout en simplifiant les opérations de fabrication et en permettant une personnalisation et une variété des formes du manche.

A cet effet, l'invention a pour objet un outil à main, notamment un article de coutellerie, de table ou de cuisine, pourvu d'au moins une partie active, notamment une lame, des dents ou un cuilleron, venue de matière avec un organe de préhension, caractérisé en ce que l'organe de préhension comprend au moins un insert, rapporté de façon étanche par tous ses bords sur la périphérie d'une ouverture correspondante ménagée dans l'organe de préhension.

Grâce à l'invention, on réalise un outil en partant d'une ébauche standard sur laquelle on peut aisément adapté un insert, résistant au lave-vaisselle, évitant les infiltrations de souillures et personnalisable.

Selon des aspects avantageux mais non obligatoires de l'invention, un tel outil à main peut incorporer une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :

• L'ouverture traverse de part en part l'organe de préhension.
• L'insert est fixé de façon permanente sur des parois périphériques de l'ouverture. Avantageusement, l'insert est fixé par sertissage sur les parois périphériques de l'ouverture. En variante, l'insert est fixé par collage ou soudage sur les parois périphériques de l'ouverture.
• L'insert et l'organe de préhension sont réalisés dans un même matériau. En variante, l'insert et l'organe de préhension sont réalisés dans des matériaux différents.
• L'insert est gravé et/ou décoré.
• Les parois périphériques de l'ouverture définissent, avec les bords latéraux de l'organe de préhension, deux bandes dont la largeur est très inférieure à la largeur de l'organe de préhension.

L'invention concerne également un procédé de fabrication d'un outil à main, selon l'une quelconque des caractéristiques précédentes, comprenant les étapes suivantes :

• - a) ménager au moins une ouverture dans un organe de préhension venu de matière avec au moins une partie active d'un outil à main,
• - b) réaliser un insert de dimensions correspondant sensiblement à celles de l'ouverture,
• - c) introduire l'insert dans l'ouverture dans une position préétablie,
• - d) fixer l'insert sur les parois périphériques de l'ouverture de manière permanente et étanche.

L'invention sera mieux comprise et d'autres avantages de celle-ci apparaîtront plus clairement à la lumière de la description qui va suivre d'un mode de réalisation d'un outil à main conforme à l'invention, donnée uniquement à titre d'exemple et faite en se référant aux dessins annexés dans lesquels :

• la figure 1 est une vue de face d'un couteau conforme à l'invention, équipé d'un manche muni sur toute la longueur d'un insert,
• la figure 2 est une vue du couteau représenté à la figure 1, avant la mise en place de l'insert,
• la figure 3 est une vue générale, à une autre échelle, de l'insert représenté à la figure 1 et
• la figure 4 est une coupe, à une autre échelle, selon le plan IV à la figure 1.

Le couteau 1 représenté à la figure 1 comprend une lame 2 et un manche 3. Le manche 3 et la lame 2 sont réalisés dans un métal, ou un alliage métallique, résistant à la corrosion, notamment en acier inoxydable ou en un alliage d'aciers inoxydables ou dans un autre métal inoxydable, par exemple du titane.

Le manche 3 est venu de matière avec la lame 2, l'ensemble étant formé dans une ébauche ou soie de type plate semelle dont l'épaisseur est globalement voisine de deux millimètres. Ce manche 3 est creusé d'une ouverture 4, représentée à la figure 2, qui est traversante, c'est-à-dire ménagée sur toute l'épaisseur du manche. Cette ouverture 4 est creusée sur la plus grande partie de la longueur du manche 3. Cette ouverture 4 est orientée selon une direction globalement parallèle à un axe principal A-A' du couteau 1.

Les dimensions de l'ouverture 4 sont telles que, sur la largeur du manche 3, seules deux bandes latérales 3' et 3"d'environ 2 à 4 millimètres de largeur subsistent sur le manche 3. On note 5 et 6 les parois latérales de l'ouverture 4 qui sont adjacentes aux bandes 3' et 3". Les parois d'extrémité de l'ouverture 4 sont, elles, référencées 7 et 8. Ainsi, la périphérie interne de l'ouverture 4 est formée, dans le sens des aiguilles d'une montre, par les parois 7, 5, 8 et 6.

Un insert 9, également réalisé dans un matériau résistant à la corrosion, par exemple en acier inoxydable ou en un alliage d'aciers inoxydables ou en un autre métal tel que du titane, est représenté à la figure 3. Cet insert 9 peut être réalisé dans un matériau de même nature que le manche 3 précédemment décrit ou dans un matériau différent. Cette différence peut être relative à la nature et/ou à la couleur du matériau.

Cet insert 9 a un gabarit correspondant globalement à la forme de l'ouverture 4. En l'espèce, vu de face, il est globalement rectangulaire avec des angles arrondis. L'épaisseur e de l'insert 9 est au moins égale à l'épaisseur du manche 3. Avantageusement l'insert 9 a une épaisseur e supérieure à celle du manche 3. Cet insert 9 peut également comporter des gravures et/ou des éléments de décoration formés, par exemple, par impression.

Les dimensions de l'insert 9, en l'espèce sa longueur et sa largeur, sont légèrement inférieures à celles de l'ouverture 4 de manière à pouvoir introduire l'insert 9 dans l'ouverture 4 avec un jeu minimal entre l'insert et les parois 5, 6, 7 et 8 de l'ouverture 4. Vu en section transversale, comme à la figure 4, cet insert peut avoir une forme en fuseau, rectangulaire, carré, pyramidale, ou autre. Ainsi, à partir d'une même ébauche de couteau, on peut réaliser différentes formes de manche 3.

L'insert 9 est fixé de manière étanche, par tous ses bords 10, 11, 12, 13, à la périphérie de l'ouverture 4. L'étanchéité est assurée par un débordement des bords 10, 11, 12, 13 de l'insert de part et d'autre des parois 5, 6, 7 et 8. Ce débordement forme ainsi deux lèvres L, périphériques, continues, entre lesquelles les parois 5, 6, 7 et 8 sont maintenues en sandwich de façon permanente et étanche.

Ceci permet de se démarquer de l'enseignement de US-a-1 967 479. De plus cette fixation offre une importante résistance mécanique qui augmente la tenue au lave vaisselle du couteau tout en supprimant les risques d'infiltration d'eau et/ou de souillures dans le manche.

Pour réaliser un tel couteau, on procède d'abord à la formation d'une ouverture 4 dans le manche par un découpage de formes et de dimensions requises. On réalise ensuite la mise en forme de l'insert 9 proprement dit par estampage et forgeage d'une pièce métallique de formes et de dimensions correspondant à celles de l'ouverture 4.

Après avoir introduit l'insert 9 dans l'ouverture 4, on effectue un estampage ou plus précisément une frappe, de tous les bords 10, 11, 12, 13 de l'insert afin d'écraser ces derniers contre, respectivement, les parois 5, 7, 6 et 8 de l'ouverture 4. Cette opération conduit à la formation, sur chaque face du manche 3, d'une lèvre L, venue de matière avec respectivement les bords 10, 11, 12 et 13, qui recouvre partiellement les faces externes des parois respectivement 5, 7, 6 et 8 de l'ouverture. On effectue ainsi un sertissage de l'insert 9 dans l'ouverture 4. Ce sertissage, grâce aux lèvres L, assure une fixation résistante de l'insert 9 dans le manche 3, et permet de garantir l'étanchéité de cette fixation.

En variante, on peut envisager la fixation de l'insert 9 dans l'ouverture 4 par soudage ou collage.

Dans un autre mode de réalisation, les bords 10, 11, 12, 13 et les parois 5, 6, 7 et 8 de l'ouverture 4 ont des formes complémentaires adaptées, par exemple du type tenon mortaise.

Dans un autre mode de réalisation, l'ouverture 4 n'est pratiquée que sur une partie de la longueur du manche 3, l'autre partie, pleine, étant pourvue de moyens de fixation par exemple un crochet, un orifice, ou de moyens d'identification tels qu'une gravure ou un marquage.

En variante, on peut ménager plusieurs ouvertures 4 dans le manche 3, de forme et de dimensions différentes.

Avantageusement, on peut graver, décorer ou imprimer l'insert, préalablement ou postérieurement à sa fixation sur le manche.