PANNEAU DE CHALUT

La présente invention concerne un panneau de chalut. Elle concerne plus précisément un panneau de chalut, qui permet aussi bien la pêche sur le fond marin que la pêche pélagique, ou semi-pélagique, au cours de laquelle le filet de chalut se trouve décollé du fond marin, à une profondeur plus ou moins grande selon le type de pêche.

L'invention en outre concerne un panneau de chalut qui permet de pêcher dans des eaux froides, susceptibles d'être partiellement gelées en surface, comme c'est le cas par exemple pour la pêche à la crevette dans les mers proches du cercle polaire arctique.

Pour ce type de pêche, il se pose un problème particulier dû au fait que la progression du bateau de pêche qui tracte le chalut peut être fortement ralentie, voire arrêtée, à cause de plaques de glace susceptibles d'encombrer la surface de l'eau. C'est pourquoi, l'objectif de la présente invention est de proposer un panneau de chalut dont la forme et la structure ne compromettent pas le bon fonctionnement de l'ensemble de chalutage, même dans des conditions défavorables de grand froid, tout en tant efficace également dans des configurations de pêche ordinaire, aussi bien sur le fond qu'en condition de pêche pélagique ou semi pélagique.

Le panneau de chalut qui fait l'objet de l'invention présente, comme cela est connu en soi (voir par exemple le document FR 1 595 458), un contour général ovale.

Les objectifs qui viennent d'être mentionnés sont atteints grâce au fait que :

- le ratio de sa longueur sur sa hauteur est compris entre 1,3 et 1,5 environ ;

- il comporte en partie antérieure une paire d'aubes déflectrices, ou "foils", de forme incurvée, qui ménagent sur leur bord arrière une fente transversale autorisant et canalisant le passage de l'eau ; - sa paroi est pleine sur une zone s'étendant sur au moins toute sa moitié arrière ;

- le foil situé entre cette zone pleine et le foil le plus avant est pourvu sur sa face concave -dite ventrale- d'un moyen de fixation, ou branchon permettant de l'attacher à une fune de traction d'un bateau de pêche ; - la face opposée - dite dorsale - du panneau porte des moyens de fixation permettant de l'attacher au bras d'un chalut.

- la section transversale du panneau affecte la forme d'un dièdre dont l'arête s'étend horizontalement, sensiblement selon son axe longitudinal médian, et dont l'angle est ouvert du côté de sa face dorsale, cet angle, ayant une valeur comprise entre 165° et 175° environ, et de préférence de l'ordre de 172°.

Par ailleurs, selon un certain nombre de caractéristiques avantageuses, mais non limitatives de l'invention:

- ladite zone à paroi pleine est également incurvée, sa concavité, tout comme celle des deux foils, étant dirigée du même côté, correspondant à la face ventrale du panneau, toutes ces incurvations s 'inscrivant approximativement selon des portions de cylindre d'axe transversal et vertical ;

- ces portions inférieure et supérieure sont pleines et sont séparées, du côté de la face ventrale, de la portion centrale du panneau, par des nervures horizontales longitudinales qui délimitent les extrémités haute et basse desdites fentes ;

- H étant la hauteur du panneau, sa portion supérieure pleine s'étend sur une hauteur (j) dont la valeur est comprise entre 0,12 H et 0,15 H environ ;

- H étant la hauteur du panneau, sa portion inférieure pleine s'étend sur une hauteur (k) dont la valeur est comprise entre 0,15 H et 0,19 H environ ; - ledit branchon présente au moins deux zones d'attache possibles de fune décalées en hauteur, l'une située au niveau de son axe longitudinal médian, l'autre un peu en-dessous de ce dernier.

D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de la description et des dessins annexés. Sur ces dessins :

- les figures 1 et 2 sont des vues, respectivement, de la face dorsale et de la face ventrale du panneau ;

- les figures 3 et 4 sont des vues en perspective, respectivement de la face dorsale et de la face ventrale du panneau ; - La figure 5 est une vue en bout (vue de l'arrière) en perspective du même panneau ;

- Les figures 6 et 7 sont des vues schématiques en coupe du panneau, suivant les plans de coupe transversale et longitudinale désignés respectivement VI-VI et Vu-Vil de la figure 8 ; - la figure 8 est une vue de face schématique du même panneau

(face ventrale visible) ; - la figure 9 est un schéma illustrant une pêche au chalut dans laquelle il est fait usage d'une paire de panneaux conformes à l'invention.

Le panneau de chalut représenté sur les figures, référencé 1, comporte une face (la) dite ventrale et une face opposée (1b) dite dorsale. Ce panneau a une forme générale ovale.

Le panneau représenté sur les figures 1 à 8 est un panneau bâbord, apte à assurer l'ouverture de la poche de chalut sur son côté gauche lorsqu'il est tracté par un bateau de pêche. Ce panneau correspond donc à celui désigné 1A sur la figure 9, alors que sur cette figure l'autre panneau, référencé 1B, est un panneau tribord. Les panneaux gauche et droit sont similaires mais ont une configuration inverse, symétrique l'une de l'autre.

En référence toujours à la figure 9, on a désigné par la référence BP un bateau de pêche qui traîne le chalut 9. Sur cette figure est représentée une opération de pêche sur le fond marin S. Le chalut 9, qui consiste en un filet en forme de poche, est tracté par le bateau BP qui navigue à la surface N de l'eau. Le rôle des deux panneaux de chalut 1A et 1B est de maintenir la poche convenablement ouverte au cours de la pêche, grâce à l'effet hydrodynamique lié à l'avancement du bateau et au frottement de l'eau contre les faces ventrales des panneaux. Ces panneaux sont reliés au bateau par des filins 90A, respectivement 90B appelés "funes". Us sont reliés par leur face dorsale au chalut 9 par des filins 91A, respectivement 91B, traditionnellement appelés "bras de chalut".

On a désigné sur les figures 1 et 2 le bord avant - ou bord d'attaque - du panneau par la référence 10, tandis que son bord arrière — ou bord de fuite porte la référence 11. Ces bords inférieur et supérieur sont respectivement désignés 12 et 11.

Comme on le voit sur ces figures, les rayons de courbure des bords d'attaque et de fuite sont sensiblement plus petits que ceux des bords supérieur et inférieur.

Comme cela est bien connu, le bord inférieur 12 est garni d'une série de semelles amovibles adjacentes 120. Ce sont des patins de glissement au sol, susceptibles d'être changés lorsqu'ils sont détériorés ou usagés. La forme arquée du bord inférieur 12 facilite le passage d'obstacles susceptibles de se trouver sur le fond marin, tels que des rochers notamment, limitant le risque de blocage.

Sur la figure 8 on a désigné par les références L et H respectivement la longueur et la largeur du panneau. Par la suite, on appellera cette largeur "hauteur", ce qui correspond à la position verticale ou approximativement verticale du panneau au cours de son utilisation.

Selon une caractéristique importante de l'invention, le rapport L/H est compris entre 1,3 et 1,5 environ. Il est de préférence de l'ordre de 1,4. Cette forme et ce ratio permettent d'obtenir un bon compromis entre la traînée hydrodynamique du panneau et son aptitude à maintenir le chalut correctement ouvert.

Comme on le voit notamment sur les figures 1 et 2, le panneau 1 est subdivisé dans le sens de sa longueur en trois zones, à savoir une zone arrière 2, qui s'étend sur un peu plus de la moitié du panneau, une zone avant 4, et une zone intermédiaire 3. Ces trois zones sont elles-mêmes délimitées, sur la face ventrale la, par des nervures longitudinales horizontales hautes 15 et basses 16. Il est également prévu une nervure longitudinale médiane 14 qui s'étend sensiblement selon un axe médian longitudinal depuis le bord d'attaque jusqu'au bord de fuite du panneau. Comme on le voit plus particulièrement sur la figure 7, les parties 2,

3 et 4 sont cintrées. Elles ont une forme en portion de cylindre, d'axe transversal, leur concavité étant dirigée du côté de la face ventrale la. Les parties antérieures 3 et

4 constituent des aubes déflectrices, ou foils, et le passage de l'eau en cours d'utilisation peut se faire dans des interstices ou fentes transversales 30, respectivement 40, qui séparent respectivement les parties 4 et 3 d'une part et 3 et 2 d'autre part.

La hauteur de ces fentes est limitée vers le haut et vers le bas par les nervures précitées 15, respectivement 16.

Les zones situées au-dessus et, respectivement, en dessous des nervures 15 et 16, sont pleines. Leur hauteur porte la référence j, respectivement k. De préférence, j est comprise entre 0,12 et 0,15 H environ et k entre 0,15 et 0,19 H environ.

On notera (voir figure 2) que du côté de la face ventrale, le foil 4 présente un certain nombre de nervures longitudinales 40. Par ailleurs, du côté de la face dorsale (voir figure 1), il est prévu des nervures longitudinales 20 et 30 respectivement sur les portions 2 et 3.

En outre, le foil 3 porte, sur sa face ventrale, un système 7 permettant l'attache de la fune.

Ce système d'attache comprend deux plaques parallèles longitudinales 71, respectivement 70 qui sont décalées en hauteur. La plaque 71 se situe dans le prolongement de la nervure centrale 14, dans l'axe médian du panneau, tandis que l'autre plaque 70 se trouve légèrement en-dessous de la plaque 71.

Dans ces plaques sont ménagées des ouvertures 710 qui permettent le passage et Faccrochage de l'extrémité de la fune de traction du panneau. Un tel système est usuellement appelé "branchon".

Le présent panneau comporte donc deux branchons décalés en hauteur.

Le branchon inférieur 70 est utilisé avantageusement pour une pêche sur un fond peu profond qui requiert un filage très long (de 3 à 5 fois la hauteur d'eau environ) pour lequel il se poserait sinon un problème de basculement du panneau vers l'intérieur, ce basculement étant notamment lié au poids des funes.

Pour des filages de moindre longueur, on utilise le branchon supérieur 71.

La combinaison des foils avant 4 et 3 avec une partie pleine 2, qui s'étend sur plus de la moitié du panneau, et forme en quelque sorte un foil principal, permet d'obtenir un compromis optimal entre la traînée et la portance.

Selon une caractéristique importante de l'invention, comme on le voit notamment sur les figures 5 et 6, le panneau, vu en bout, a la forme générale d'un dièdre à angle a très ouvert, dont l'ouverture est dirigée du côté de la face dorsale lb du panneau. Son arête se situe selon une ligne médiane horizontale, correspondant à la nervure 14.

De préférence la valeur de l'angle a est de l'ordre de 172 degrés.

Sur cette face dorsale, sont fixées des pattes d'attache 8 pour le bras de chalut. II est prévu dans l'exemple illustré une patte centrale avant 8' et une paire de pattes arrière haute et basse 8a, 8b.

Il est également prévu additionnellement deux pattes d'attache avant haute et basse 8".

Selon les conditions d'utilisation, et les habitudes de l'utilisateur, il est possible de prévoir une attache en triangle ou en rectangle du bras de chalut en utilisant sélectivement certains seulement de ces cinq points d'attache.

Ainsi, en utilisant les points d'attache 8', 8a et 8b, on assure une liaison triangulaire du bras de chalut avec le panneau.

En cours d'utilisation, lorsque le panneau se déplace sur le fond, ses semelles 120 frottant sur le fond marin F (voir figure 6) le panneau a une tendance naturelle à se déplacer vers l'extérieur, c'est-à-dire vers la face dorsale -ce qui correspond à un sens d'ouverture du chalut- même si le bateau de pêche se déplace à une vitesse faible, voire très faible, pouvant être comprise entre 0 et 2 noeuds.

Cette situation se rencontre en particulier lors de la pêche dans des eaux glacées, pêche à la crevette notamment. En l'absence d'une configuration en forme de dièdre, le panneau risquerait, à aussi basse vitesse, de se produire un rapprochement, voire un croisement des deux panneaux, entraînant un enchevêtrement indésirable des funes et des bras du chalut.

Une difficulté se présente aussi lorsque le bateau heurte une croûte de glace, qui le fait s'arrêter brutalement.

Il y a alors un risque que le panneau se pose à plat sur le fond marin.

Dans cette hypothèse, c'est en général la face ventrale la qui vient prendre appui sur le fond.

Lors du redémarrage du bateau, un panneau de forme plane risquerait de ne pas se redresser convenablement.

Grâce à sa forme de dièdre, le panneau a une tendance naturelle à se relever au redémarrage, et il reprend en douceur sa position normale de travail, laquelle est sensiblement verticale.

Le panneau qui fait l'objet de l'invention permet ainsi de travailler dans de bonnes conditions, quelle que soit la situation de pêche à laquelle on a affaire, aussi bien à faible vitesse qu'à allure rapide.