SAC EN TOILE, TOILE POUR LA FABRICATION DUDIT SAC ET PROCEDE DE FABRICATION DE LA DITE TOILE

Sac en toile, toile pour la fabrication dudit sac et procédé de fabrication de la dite toile

La présente invention concerne un sac en toile, une toile pour la fabrication dudit sac et un procédé de fabrication de la dite toile.

Pour le transport et l'entreposage de marchandises en vrac, on utilise des sacs en toile tissée, notamment en matière synthétique telle le polypropylène ou le polyéthylène en particulier. Certains, appelés big bags dans les cercles intéressés, servent au transport, à la manutention et au stockage des marchandises les plus diverses, mais d'autres sacs plus petits ayant la forme d'un oreiller rectangulaire bien rempli sont aussi utilisés pour des quantités plus petites. Le mode de fabrication des grands et des petits sacs est fort proche et les fabricants sont pour l'essentiel les mêmes. Tous ces sacs sont bien connus des places portuaires, ferroviaires et routières, notamment.

Les indications qui précèdent sont données pour fixer les idées et déterminer globalement de quel type de sacs il va être question ensuite. Il n'y a pas de volonté limitative, quant à la taille, la forme ou les particularités de tel ou tel sac, il s'agit simplement d'une catégorie entière, très polymorphe .

Selon la nature du produit ou de la marchandise à transporter, on recourt à des sacs plus ou moins grands. En l'espèce, c'est historiquement avec des sacs relativement petits que le problème initial s'est posé. En effet, pour emballer et transporter du sucre par exemple, on recourt à des sacs de 50 kilos, donc relativement petits, dont la forme est très usuelle (sac de sable, de ciment, de riz etc.) et rappelle la forme d'un oreiller rectangulaire bien rempli. Selon la technique actuelle, et surtout son évolution la plus moderne, ces sacs sont transportés non en vrac, mais soigneusement empilés sur des palettes. A l'heure actuelle, le remplissage des sacs, leur fermeture, leur déplacement par des rubans convoyeurs, puis leur arrangement sur des palettes, ont tendance à être entièrement automatisés. Il en résulte que toute fausse manoeuvre, glissade, etc. conduit à la paralysie momentanée de l'ensemble de la chaîne. Sachant que sur une palette, on agence jusqu'à vingt sacs de 50 kilos, on se rend compte que si l'un d'entre eux glisse, il entraîne avec lui d'autres sacs et ruine la productivité. La palétisation automatique n'est pas formellement à l'origine du besoin, mais elle en a été le révélateur.

Pour confectionner les sacs en question, on a eu recours dans le passé à de la grossière toile de jute, qui glissait peu. Cependant, pour diverses raisons dont certaines clairement économiques, les sacs en cause sont de nos jours réalisés en matière synthétique et ils glissent beaucoup plus que ne le faisaient les sacs en jute.

Bref, il est devenu fort intéressant de pouvoir proposer un sac qui concilie les avantages de la technique moderne, c'est-à-dire réalisé en matière synthétique, et ceux de la technique d'autrefois, c'est-à-dire qui puisse offrir une certaine garantie de stabilité si on l'empile.

On connaît dans le domaine des sacs, par exemple du document FR 2 259 926, une technique consistant à utiliser des fils de qualités différentes, le fil d'une ou plusieurs navettes étant choisi pour sa rugosité plus importante.

On connaît aussi, dans d'autres domaines que celui des sacs, des applications dans lesquelles on est intervenu sur la tension de certains fils d'un tissage, en la réduisant, soit pour constituer des boucles d'ancrage (DE 40 24 622 C) , soit pour doter la toile d'une voile d'une sorte de butée de tension maximale (DE 86 13 729) .

Le but de la présente invention est de proposer un sac en matière synthétique dont la texture fait qu'on peut l'empiler mieux que les sacs normaux en matières synthétiques, mais sans faire intervenir de fils de qualités différentes.

A cet effet, l'invention concerne un sac confectionné en tout ou partie au moyen d'une toile comportant au moins un fil de trame tissé avec une tension moindre, alors que les autres fils sont tissés normalement tendus.

L' invention concerne également une toile pour la fabrication de sacs, toile comportant au moins un fil de trame tissé avec une tension moindre, alors que les autres fils sont tissés normalement tendus, ainsi qu'un procédé de fabrication, sur un métier à tisser, circulaire ou à plat, d'une toile aux propriétés modifiées, selon lequel on réduit la tension d'au moins une navette de trame.

La description qui suit, donnée à titre d'exemple, se réfère au dessin sur lequel :

La figure 1 présente un morceau de toile selon l'invention et illustre l'irrégularité, volontaire et ordonnée, provoquée par l'application du procédé selon l' invention .

La figure 2 illustre un détail du morceau de toile représenté à la figure 1.

La figure 3 illustre un détail d' un fil de la toile représentée aux figures 1 et 2.

La clé, c'est à dire le coeur de l'invention, réside dans la manière de confectionner la toile. On rappelle que pour le type de toile utilisé pour fabriquer des sacs de l'espèce concernée, on peut aussi bien recourir à des métiers à tisser à plat qu'à des métiers circulaires. Le procédé selon l'invention s'applique aussi bien aux deux.

Le procédé consiste à dérégler volontairement le métier à tisser, c'est à dire à l'utiliser selon des paramètres dont on sait pertinemment qu'ils ne sont pas optimaux, en théorie tout au moins. Concrètement, on réduit la tension théoriquement idéale d'au moins une navette de trame de manière à engendrer dans le tissage, par ailleurs tendu et régulier, au moins un fil légèrement distendu qui profite de sa relative liberté pour créer, sur les deux faces de la toile, des sortes de méandres réguliers de faible amplitude et relativement serrés malgré tout

Sur la figure 2, qui illustre la variante préférentielle de la toile et du sac selon l' invention, on voit une toile tissée 1 avec un fil qui se présente sous forme d'un fin ruban ou bandelette, ce qui a pour conséquence que le tissage constitue une sorte de damier. On remarque les boucles formées par le fil tissé légèrement distendu. De tels fils sont issus de films extrudés et découpés en fins rubans au moyen de couteaux. Une fois découpé en ruban, le fil est embobinné pour être ensuite utilisé sur un métier.

Sur la figure 3, on peut voir qu'en raison du fait que le fil se présente sous forme d'un fin ruban, chaque boucle 2 présente une tranche assez vive 3, qui agit comme un râcloir, ce qui accroît considérablement la résistance au glissement.

De cette manière, la fonction première du sac, soit retenir son contenu, n'est pas altérée, car le fil distendu ne conduit pas à former des trous par lesquels la marchandise pourrait s'échapper.

Il est bien sûr inutile de donner ici des valeurs de tension puisqu'elles sont particulières à chaque métier, mais chacun pourra obtenir le résultat voulu moyennant quelques essais et choisir ainsi la réduction de tension qui convient le mieux à son outil.

Comme représenté à la figure 1, la toile 1 réalisée selon le procédé qu'on vient de décrire a pour particularité un tissage globalement régulier comportant toutefois une anomalie (ou plusieurs si l'on réduit la tension de plusieurs navettes) qui consiste dans la répétition à intervalles réguliers d'une succession de protubérances 2 qui correspondent au(x) fil (s) qui serpente (nt) plus librement et avec davantage d'amplitude que les autres.

Il en résulte que la toile présente un coefficient de friction supérieur à une toile traditionnelle confectionnée avec les mêmes fournitures et sur le même métier.

Le bénéficiaire final de ce coefficient de friction plus grand est évidemment le sac confectionné avec la toile selon l'invention car sa résistance au glissement est accrue de manière spectaculaire.

On s'est livré à une expérience empirique pour tenter de cerner, plutôt que de proprement mesurer, l'intérêt de l'invention. Cette expérience s'est déroulée de la manière suivante. Sur une planche posée horizontalement on a commencé par fixer, plaqué contre la planche, un morceau de toile selon l'invention, en le clouant sur ses bords. On a ensuite déposé un sac de 50 kilos dûment rempli et réalisé tout entier avec la toile selon l'invention. Ensuite on a relevé l'une des extrémités de la planche, jusqu'à l'inclinaison à laquelle le sac a glissé, a décroché. On a ensuite répété l'opération en disposant le sac selon diverses orientations. Puis on a exécuté la même expérience en clouant une toile traditionnelle et en utilisant un sac fabriqué dans une toile traditionnelle également .

Bien qu'il ne s'agisse ni de valeurs scientifiques, ni de valeurs absolues, on note cependant que pour une planche de deux mètres de long, le sac traditionnel a glissé en moyenne à partir d'une élévation de 67 centimètres de l'une des extrémités de la planche. La même expérience avec la toile selon l'invention, comme on vient de le décrire, a indiqué qu'en moyenne le sac commençait à glisser à partir d'une élévation de 136 centimètres. En d'autres termes, et sans prétention d'exactitude scientifique, on voit quand même que le gain est du simple au double.

Il convient ici de souligner que ce ne sont pas les propriétés du sac ou de la toile dans l'absolu qui sont décisives, c'est-à-dire l'expression de ces propriétés vis-à- vis de l'environnement quel qu'il soit. Au contraire, c'est bien l'effet de coopération entre eux de deux sacs selon l'invention qui est recherché et obtenu.

Cela constitue un avantage remarquable de l'invention, surtout si l'on note que cet avantage est obtenu à un coût nul, ce qui est assez rarement le cas pour être relevé.

Certes, on consomme un peu plus de fil, mais cela est insignifiant. En revanche, on n'a recourt, pour appliquer le procédé, ni à des instruments ou outils supplémentaires, ni à du fil d'une qualité différente de celle utilisée sur les autres navettes. Les propriétés du fil, à l'exception de la seule tension appliquée, restant constantes, on garantit une parfaite homogénéité des propriétés de la toile. Finalement, comme l'on n'agit que et uniquement sur la tension, le passage d'un réglage selon l'invention à un réglage traditionnel, et vice-versa, est très rapide, de sorte que l'enchaînement de travaux différents ne donne pas lieu à une immobilisation inutile du métier, ce qui serait le cas si l'on utilisait au moins un fil de nature différente.